S.O.S. un chien au téléphone !!!

Publié le par Kika

Laetitia Barlerin est vétérinaire et passionnée d’animaux. Chroniqueuse

sur RMC, où elle relate des histoires insolites concernant les animaux,

elle a eu l’idée de réunir ces nouvelles dans un livre.

 

« Histoires incroyables d’animaux pas comme les autres » vous fera découvrir les talents cachés des animaux du monde entier : chien héros, chien surdoué, miraculé ou encore gaffeur, tous sauront vous étonner !


Pour vous donner une idée de ce qui vous attend, Wamiz.com vous permet de découvrir en exclusivité l’une des nouvelles du livre : S.O.S. un chien au téléphone !


Aujourd’hui, Belle prend l’avion pour Washington. On l’attend, là-bas, pour lui remettre une médaille car elle a sauvé une vie : aux États-Unis, la célébration des héros est un des rituels fondateurs de la nation ! Sauf que l’héroïne, aujourd’hui, n’a que 3 ans. C’est une mignonne petite bâtarde avec de forts antécédents beagle et si elle vient de s’envoler pour la capitale, ce n’est pas dans la soute à bagages, comme ses congénères, mais bien en première classe, s’il vous plaît !


Ce matin-là, alors qu’il s’apprêtait à sortir, Kevin Weaver, 34 ans, ne se sentit pas très en forme. Le réveil avait été pénible. Se relever pour seulement s’asseoir sur le bord de son lit lui avait demandé un effort inhabituel. Belle, le beagle de 3 ans qui dormait à ses pieds, avait alors relevé la tête, avait gémi et lui avait donné un léger coup de patte pour l’encourager. Même une douche intensive ne l’avait pas sorti de son engourdissement.

Tandis qu’il enfile pantalon et chemise en tentant de s’extraire de cette brume tenace, Belle s’agite. Elle lui semble plus excitée que d’habitude et lui lèche frénétiquement les mains en gémissant. Assurément, elle veut sortir. Un peu d’exercice ne pourra que leur faire du bien, à l’un comme à l’autre.


Soudain, Kevin sent ses genoux fléchir. Il tente de s’accrocher à une chaise mais s’effondre sur le sol de la cuisine tout en restant semi-conscient. Comme plus de 20 millions de ses compatriotes, Kevin est diabétique. En une quinzaine d’années, le diabète est devenu une véritable pandémie, même si l’on en parle peu. Elle s’étend dans le monde entier, et en particulier aux États-Unis où l’on diagnostique plus de 1 500 nouveaux cas par jour.


Allongé, incapable du moindre mouvement, Kevin a compris. Il sait que s’il ne trouve pas le moyen de réagir et de se relever pour se faire une piqûre, il va peu à peu s’endormir pour ne plus se réveiller.


Belle se précipite sur son maître immobile. Elle aussi a compris ce qui se passe et sait ce qu’elle doit faire. Avec son museau, elle écarte le blouson que son maître vient d’enfiler et saisit dans sa gueule le téléphone portable qu’il conserve en permanence dans la poche de sa chemise. Elle pose l’appareil sur le sol, appuie sa truffe sur le 9 puis se met à japper.

Au bout du fil, un permanent des urgences de l’hôpital décroche. Tout ce qu’il entend, ce sont les aboiements de Belle mais, sur son ordinateur, le dossier médical de Kevin vient d’apparaître. Le jeune homme sait qu’il s’agit d’un coma diabétique et qu’il est urgent d’intervenir. Quelques minutes plus tard, le médecin est sur les lieux… Dans l’ambulance qui le conduit à l’hôpital, Kevin sort lentement de son coma, faible et encore désorienté. Belle, que les infirmiers ont exceptionnellement prise dans l’ambulance, est à ses côtés.

Kevin avait acheté Belle deux ans plus tôt, pour lui tenir compagnie. Mais quand il avait entendu parler d’une association basée à Atlanta en Georgie, spécialisée dans le dressage des chiens pour diabétiques, il avait décidé de lui faire suivre ce programme. En quelques mois, Belle avait appris à évaluer le niveau de sucre dans le sang de son maître et surtout à appeler les urgences à temps en cas de problème.


Tandis qu’à Washington Belle est fêtée et reçoit The VITA Wireless Samaritan Award, un prix qui vise à promouvoir le rôle des téléphones portables dans les situations d’urgence, Kevin Weaver rend hommage à sa chienne : « Si Belle n’avait pas été avec moi ce matin-là, je ne serais pas là aujourd’hui. Mais, plus que mon sauveur, c’est ma meilleure amie. »

L’avis du véto :

L’idée d’utiliser des animaux comme « alarme » auprès de personnes diabétiques est née tout naturellement de l’observation de chiens de compagnie au comportement inhabituel à l’instant où leur maître traversait une crise d’hypoglycémie. Rappelons que le diabète est une maladie caractérisée par un taux de sucre (ou glycémie) anormalement élevé dans le sang. Elle est provoquée par un déficit ou un mauvais fonctionnement de l’hormone pancréatique, l’insuline, dont le rôle est d’abaisser ce taux. Même traité à l’insuline, un diabétique n’est jamais à l’abri d’un épisode d’hypoglycémie ou a contrario d’hyperglycémie, des états qui, non détectés à temps, peuvent entraîner une perte de conscience et un coma. Et c’est là que le meilleur ami de l’homme peut intervenir.


Candy, Susie et Natt, sont les noms des chiens dont l’histoire, rapportée en 2000 dans le sérieux British Medical Journal, a ouvert les yeux de la communauté scientifique sur les capacités canines à détecter des variations dangereuses de glycémie chez l’homme. D’après le journal, chacun de ces chiens a une maîtresse souffrant de diabète et traitée par insuline. Tous les trois sont perturbés quand ils « sentent » arriver un malaise hypoglycémique chez elle, c’est-à-dire bien avant qu’elle ne ressente quoi que ce soit.


Candy, une chienne berger de 9 ans, va se cacher sous un meuble et n’en ressort que lorsque sa maîtresse a pris du sucre. Susie, 7 ans, un corniaud, s’agite, aboie, réveille sa propriétaire la nuit et attend que celle-ci se soit alimentée pour aller se recoucher. Enfin, Natt, un golden retriever de 3 ans, fait les cent pas et pose sa tête sur les genoux de sa maîtresse en la regardant avec insistance. À chaque fois, un autocontrôle glycémique par un test confirme une chute dangereuse de sucre dans le sang.


Chiens d’assistance médicale :

 
De ces cas et de bien d’autres encore, a germé l’idée de former des chiens d’assistance médicale pour diabétiques. Ainsi, ces dernières années, au Québec et aux États-Unis, des écoles de chiens d’assistance (pour aveugles, handicapés, etc.) entraînent aussi des beagles ou des cockers anglais à reconnaître les signes annonciateurs d’hypo- ou d’hyperglycémie chez une personne diabétique et à agir en conséquence. Les chiens détecteurs apprennent à venir « sentir » régulièrement leur maître de jour comme de nuit. Ils adoptent alors un rituel d’approche comme tourner sur eux-mêmes avant de sauter sur ses genoux. Quand ils repèrent une anomalie, ils la signifient soit en léchant sans relâche leur maître, soit en gémissant et en donnant des coups de patte jusqu’à ce que ce dernier vérifie son taux de sucre à l’aide d’un glucomètre.


En cas d’urgence (un malaise, une personne qui ne se réveille pas), ils sont entraînés pour avertir l’entourage ou bien, comme dans le cas de Belle, pour actionner une touche sur un téléphone, reliée directement à un service de secours. Le dressage dure au minimum 18 mois. Contrairement aux futurs chiens guides d’aveugles qui ne suivent l’entraînement spécifique à leur mission qu’à l’âge d’un an, le chiot détecteur est mis en contact très tôt avec un patient diabétique afin de se sensibiliser rapidement aux variations de glycémie liées à la maladie. Le coût de la formation d’un chien d’assistance médicale est évalué à plus de 15 000 dollars…


Le nez est-il un glucomètre ?

 
Au cours de cette formation, les éducateurs partent du postulat que le chien détecte les variations brusques de glycémie grâce à un odorat qui perçoit des modifications significatives de l’haleine ou de l’odeur corporelle. Ils apprennent ainsi à leurs élèves à quatre pattes à venir régulièrement renifler le visage de la personne diabétique voire à lui lécher le bout du nez pour mieux capter les molécules odorantes. Qu’en est-il réellement ? On sait que l’hyperglycémie (taux élevé de sucre dans le sang) induit chez le diabétique la production de corps cétoniques volatiles qui se retrouvent dans le sang, l’haleine (avec une odeur typique de « pomme verte »), la sueur (sécrétée en excès), le sébum sur la peau, le mucus des voies nasales, l’urine… Ces molécules sont en théorie détectables même en faible quantité par la truffe d’un chien, mais rien ne prouve qu’elles constituent des indicateurs d’alerte pour ce dernier.


Lors d’hypoglycémie (taux bas de sucre dans le sang), l’organisme réagit par la production d’hormones « de stress » (adrénaline, cortisol, glucagon) : est-ce que le chien capte dans l’odeur corporelle et l’haleine ces bouleversements hormonaux ? Ceci est fort probable même si aucune étude à ce sujet n’est venue le confirmer. Il est également probable que le chien soit sensible à d’autres signes accompagnant un état d’hypoglycémie comme des palpitations, des sueurs, un tremblement, une pâleur, une fatigue, une nervosité, des hésitations… Des signes si discrets au début que la personne elle-même et son entourage n’y prêtent pas attention mais qui n’échappent pas à la vigilance du chien assistant médical.


Pour en savoir plus :


Ces odeurs qui nous trahissent


Savez-vous que chaque individu est caractérisé par une odeur propre, aussi unique qu’une empreinte digitale ? C’est d’abord par l’odeur que le chien identifie son maître, ses congénères ou le chat de la famille. L’odeur propre est en fait une combinaison de différents effluves cutanés liés en grande partie au fonctionnement des glandes sudoripares (qui produisent la sueur) et des glandes sébacées (qui sécrètent le sébum).


Elle dépend de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique, et varie sensiblement selon l’équilibre hormonal, les émotions et l’état de santé… Des variations perceptibles par le nez d’un chien. Ainsi ce dernier « sent » votre colère comme votre tristesse. Il sait, avant tout le monde, qu’une femme attend un heureux événement ou qu’un garçon va devenir pubère. Il détecte les modifications olfactives dues à un état pathologique, une fièvre, une infection et même un cancer. Difficile de lui jouer la comédie !


• Une attention innée

 
Tous les propriétaires de chiens savent combien leur animal épie leurs faits et gestes et est perméable à leurs émotions et intentions. Des scientifiques viennent de prouver que l’extrême attention que les chiens nous portent est inscrite dans leurs gènes, qu’elle a favorisé leur domestication et la communication entre les deux espèces. Ainsi, le chien est capable de tenir compte des indications corporelles données par l’homme (regard, mouvement de tête, doigt tendu) pour résoudre un problème (trouver une friandise dans un récipient hermétique, par exemple). Et ce, quels que soient son âge, son éducation et son niveau de familiarisation à l’homme. Le loup ou le chimpanzé, même élevés par l’homme, en sont incapables. Cette aptitude naturelle à observer l’homme est bien entendu mise à profit pour la formation de chiens d’assistance.


• Des chiens au secours des épileptiques

 
En Grande-Bretagne, un centre de dressage canin s’est spécialisé dans la formation de chiens d’assistance pour épileptiques. Ces chiens apprennent à reconnaître et repérer chez l’homme les plus infimes changements, annonciateurs d’une crise d’épilepsie, comme une dilatation des pupilles, un tressaillement des doigts, une expression du visage et sûrement d’autres caractéristiques physiques ou chimiques. Ces signes seraient perceptibles par un chien 20 à 40 minutes avant la crise, ce qui laisse le temps à la personne de prendre ses dispositions comme s’administrer un médicament, arrêter une activité dangereuse ou tout simplement s’asseoir. L’animal donne l’alerte en s’agitant et en aboyant. Il est alors récompensé par des caresses et des friandises.


Pour acheter le livre de Laetitia Barlerin :

Histoires incroyables d’animaux pas comme les autres


 

AU SECOURS, J'AI BU UN CAFE BRULANT

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L
<br /> <br /> Est ce qu'en France il existe des associations qui forment les chiens à détecter les hypoglycémies?<br /> <br /> <br /> Si oui pouvez vous m'en informer car j'ai un garçon diabétique<br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
K
<br /> <br /> Bonjour !<br /> <br /> <br /> Après de nombreuse recherche, je n'ai pas pu trouver une formation de détection d'hypoglycémique pour chien en france, mais il y en à d'en d'autre<br /> pays.<br /> <br /> <br /> Chien détecteur de crise d'hypoglycémie:<br /> Chien d'assistance médicale. Formés entre autre par la Fondation Corazon (Québec). Ce sont des diabétiques qui<br /> peuvent bénéficier des services de chien de race cockers pour détecter les débuts<br /> d'hypoglycémie.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le chien est actif même la nuit. Il se déplace un certains nombres de fois,et cela même si la personne n'est pas<br /> en hypoglycémie, afin de vérifier si tout va bien.<br /> Loin de remplacer le glucomètre, qui permet de vérifier le niveau de glycémie, le chien est complémentaire: il détecte les<br /> moments critiques. Ils sont apparemment sensibles aux changements d'odeurs qui surviennent au niveau de la peau et de<br /> l'haleine. Particulièrement fétide chez une personne en hypoglycémie prolongée.<br /> <br /> <br /> Cela peut peut-etre vous aider.<br /> <br /> <br /> Sinon, il doit y avoir un moyen de s'en procurer en se renseignant auprès d'associations, d'hopital, ou<br /> <br /> <br /> plus simplement ; posez la question sur un forum internet (au feminin, webado, ...)  <br /> <br /> <br /> @ BIENTOT <br /> <br /> <br /> <br />